Sidney Olcott, le premier oeil

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21 septembre 2020


 

 

 

 

Sidney Olcott utilise la Bible de James Tissot comme storyboard




Le musée d’Orsay à Paris propose une rétrospective du peintre James Tissot (1836-1902), né Jacques-Joseph. Le prénom qu’il a choisi entretient la confusion qu’il est anglais, alors qu’il est né à Nantes. Mais sa carrière se déroulera sur les deux rives de la Manche. Ami de Degas, il ne fait pas partie des impressionnistes même s’il entretiendra des relations avec Manet et Berthe Morisot. Lors de la guerre de 1870 contre la Prusse, il participe à la défense Paris. Il s’installe à Londres, après la Commune de Paris, où il connaît le succès et l’amour dans une relation avec Kathleen Newton, une belle Irlandaise mariée, qui devient son modèle.
Sa mort, en 1882, dévaste Tissot et le ramène en France. Il devient mystique, effectue trois expéditions en Palestine en 1886, 1889 et 1896, d’où il ramène des dizaines d’aquarelles des lieux Saints, prises in situ et qui sont exposées à Paris, Londres et New York… Elles servent d’illustrations à une "Vie de notre Seigneur Jésus-Christ", publiée d'abord en France en 1896-97. Tissot passe le reste de sa vie à peindre des scènes de l'Ancien Testament qui seront réunies dans une Bible, publiée à titre posthume.



Cette Bible a servi à Sidney Olcott de storyboard pour diriger « From the Manger to the Cross », la vie et la mort de Jésus Christ, tourné en Palestine et à Jérusalem au printemps 1912. Il reproduit scrupuleusement les lieux dessinés par Tissot. Normal !
Après tout, le puits de Nazareth, les lacs de Tibériade, la tombe de Béthanie… sont des lieux historiques, ouverts à l’oeil de tous les artistes. Mais Olcott ne s’embarrasse pas. Ses cadrages sont des copies parfaites des oeuvres de Tissot.  Grace à Allen Farnham, son décorateur, il a reconstitué en studio le palais d’Hérode recevant les rois Mages, le Temple de Jérusalem d’où Il chasse les marchands, l’auberge des noces de Cana, la maison de Marie Madeleine… George Hollister n’a qu’à placer sa caméra selon le bon angle.
En extérieur, c’est un peu plus compliqué ! Parfois Olcott inverse le plan, sans doute parce qu'il est à  contre-jour. Il pourrait attendre le lendemain pour le tourner dans le bon sens mais ce n’est pas le genre de la maison. « Le temps n’attend pas », a-t-il l’habitude de dire et cette inversion de plan n’entrave en rien le récit du film.



La Bible Tissot fournit aussi les patrons de tous les costumes. Gene Gauntier raconte toutefois qu’il a fallu faire venir un tailleur du Caire, dont  Olcott avait loué les services lors du tournage des films
« égyptiens », car il n’ont pas trouvé l’équivalent à Jérusalem.

L’exposition du Musée d’Orsay consacre quelque panneaux à cet aspect de l’œuvre de Tissot. Il y en a un qui comporte une faute sur le prénom d’Olcott. Sydney au lieu de Sidney. Un classique.

Elle présente aussi quelques extraits des films d’Alice Guy, Olcott et Griffith. Peu de documents en fait. J’aurais pu prêter l’affiche originale du film, le luxueux dossier de presse édité par Kalem, le producteur, et de nombreuses photos originales. Mais ce n’est peut-être pas le sujet.

Un vrai regret, en revanche, à la boutique de l’exposition, on ne trouve pas les DVD des films en question, ni celui de « Première Passion », le film de Philippe Baron, produit par Vivement lundi! qui raconte le tournage de « From the Manger to the Cross » et qui comprend un chapitre sur James Tissot. Visiblement, le commissariat de l’exposition n’a pas eu l’information.  Il est vrai que le producteur n’est pas parisien (Je blague!).

En revanche et c’est un vrai coup de gueule,  impossible de se procurer une version numérique du catalogue ! Elle n'existe pas. Je n’ai plus de place dans mes bibliothèques. Et donc je ne l’achèterai pas. Dommage.



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